Il faut 400 élèves supplémentaires en Essonne pour créer un poste en EPS !
Avant le groupe de travail du 18 mars dernier qui examinait les postes pour la rentrée prochaine en Essonne, la DSDEN faisait état d’une balance positive de 45 postes, avec 121 créations contre 76 suppressions. Lors de ce GT la FSU a fait la demande de 63 postes supplémentaires au regard des gros BMP et du nombre important d’HSA qui les complétaient. Suite au CSASD qui s’est tenu le 20 mars nous pouvons nous satisfaire des 88 postes supplémentaires que l’on a réussi à ouvrir. Ils viennent renforcer l’encadrement et assurément la réussite de nos jeunes dans les collèges et les lycées essonniens. Mais la FSU ne peut s’empêcher de modérer son enthousiasme : ces postes supplémentaires sont loin d’être à la hauteur des besoins grandissants de notre département qui continue de connaître une forte pression démographique. Ces 88 postes supplémentaires correspondent en grande partie à l’évolution des structures des établissements ouverts depuis peu (7 postes au collège Claudine Hermann à Massy) ou à l’évolution de lycées devenus polyvalents (10 postes au LIPPS à Palaiseau, 9 postes au lycée Nadar à Draveil). Et plus globalement, ces 88 postes supplémentaires sont mathématiquement indispensables à l’accueil des quelques 818 élèves supplémentaires que nous accueillerons à la rentrée prochaine.
Concernant notre discipline, avant le GT, le solde des postes en EPS était de zéro avec 1 suppression en collège pour une seule création au nouveau collège Claudine Hermann de Massy et ce malgré l’augmentation d’effectif élèves établie par la DSDEN à hauteur de 818 élèves…
Après le groupe de travail où le SNEP-FSU-91 a tenté « d’ouvrir » d’autres postes à partir de la dizaine de BMP temps plein (17h EPS ou plus …) qui apparaissaient dans les documents de la DSDEN, nous avons pu obtenir l’ouverture de deux postes supplémentaires (un en collège et un en lycée). Même si la balance est positive (+2 postes au total) ces résultats ne peuvent nous satisfaire car ils reviennent à dire que seulement 2 collègues supplémentaires seront recrutés en septembre prochain pour recevoir les 818 élèves supplémentaires annoncés dans le 91…
Sur les 8 dernières rentrée préparées par les gouvernements Macron successifs, nos EPLE essonniens auront accueilli 11724 élèves supplémentaires et l’administration n’aura proposé à la création en EPS que 31 postes supplémentaires ce qui revient à dire que la politique ministérielle actuelle propose une création en EPS qu’à partir d’une augmentation de près de 400 élèves dans notre département…
Pour un héritage véritable des JOP 2024 on pouvait rêver mieux …
Aussi, pour respecter les horaires obligatoires en EPS, l’administration n’a d’autres choix que d’augmenter le taux d’HSA. En augmentant la charge de travail de chaque enseignant et en décidant au passage depuis 2019 la mise en place d’une deuxième heure supplémentaire imposable, on réduit inexorablement le taux d’encadrement et on modifie sensiblement et progressivement la conception du métier et du statut, en s’inquiétant de la pérennité des postes si le taux d’HSA baisse. Ce cercle vicieux s’inscrit et se construit dans un contexte d’inflation et de paupérisation : on fait pleuvoir les réformes pédagogiques, mais on n’écoute pas les revendications salariales de tout le corps enseignant qui, pour vivre décemment, doit accepter ces heures supplémentaires.
En 8 ans c’est une augmentation de 2.5 % en moyenne du taux d’HSA que nos services enseignants ont dû absorber pour faire face à cette politique du contre-emploi.
À l’heure où le conclave sur les retraites semble enterré et les « 64 ans » confortés (soit en 20 ans un effort demandé aux agents de l’Etat de 4 années de travail supplémentaires !) nous voyons une nouvelle fois que l’HSA demeure plus que jamais l’alpha et l’oméga de l’idéologie ultralibérale qui en « monnayant » les réformes du service public d’éducation depuis deux décennies, s’emploie petit à petit, à le démanteler…
L’HSA en réduisant le nombre d’emplois, dégrade chaque année un peu plus nos conditions de travail et par là même les conditions d’apprentissage des élèves.
En réduisant le nombre de cotisants, cette orientation politique de réduction des postes remet aussi en question le financement du système des retraites.
Pour le SNEP-FSU, « SALAIRE-EMPLOI-RETRAITE » est le triptyque gagnant qui permettra, dans une approche systémique revalorisant nos salaires et créant des postes, de sauver véritablement et durablement notre système de retraite, améliorant du même temps nos conditions pédagogiques mises à mal par toutes les réformes libérales de ces 20 dernières années.
Eric Olivero, co-secrétaire SNEP-FSU-91 et membre du CSASD91